Bien que le nombre de pêcheurs de la ville portuaire de Tomonoura soit en baisse, ils attrapent encore des poissons chaque jour. Les méthodes varient selon les saisons et les poissons pêchés. Une fois attrapés, les poissons sont immédiatement achetés par les grossistes qui attendent sur le port, puis vendus aux commerçants et aux restaurateurs de Tomonoura, ou bien directement aux consommateurs via de petits stands installés un peu partout en ville. Les habitants de Tomo ou des villes voisines peuvent ainsi profiter de poisson frais tout juste sorti des filets.


Merci aux produits de la mer de Setouchi

Le travail des pêcheurs commence tôt le matin.
En hiver, la journée débute à 6h30 du matin. Kōzō Hada, qui dirige la coopérative de pêche de Tomonoura, part toujours en mer seul, à bord de son bateau, le Ryusei Maru.
Ce matin-là, la météo prévoyait une belle journée. Après avoir dépassé l’île de Sensuijima, le port disparut dans l’obscurité. Nous avons navigué dans la nuit pendant une trentaine de minutes, puis les premières lueurs du lever du soleil sont apparues à l’horizon.

Scintillant dans la cabine de commandement qui ne peut accueillir que trois adultes, un radar détectait les obstacles et indiquait notre position en mer.

L’hiver, à Tomonoura, le chalutage de fond est la méthode privilégiée pour attraper les poissons. Aujourd’hui, M. Hada espérait sortir des profondeurs de la mer du kochi (une sorte de poisson-crocodile), de l’hirame (sole), du gencho (un autre genre de sole), et ce délicieux joyaux que l’on trouve en hiver à Setouchi : le watari-gani (crabe bleu).

Lorsque nous sommes arrivés dans la zone de pêche, le jour était levé.
Après avoir ralenti la vitesse du bateau, M. Hada sortit sur le pont et lança un filet lourd, épais et solide dans les profondeurs de la mer. Puis il reprit la barre et fit faire un arc de cercle à son embarcation tout en accélérant. Il me dit que chaque pêcheur a ses propres méthodes pour attirer les poissons dans les filets. En s’appuyant sur ses longues années d’expérience, il a mis au point ses propres piège.

Après quelques minutes, M. Hada sortit à nouveau sur le pont. Un gros rouleau fit remonter son vieux filet fétiche dans le brouhaha d’une longue série de cliquetis.

Au premier regard on a l’impression que le filet n’est rempli que de bouts de bois et d’étoiles de mer. Où sont les poissons ?… Aucune raison de s’inquiéter. M. Hada ramasse les uns après les autres les poissons qui se cachent parmi les bouts de bois. De gros poissons-crocodiles, des rascasses, des soles, des crevettes, et même des crabes bleus !
Il les trie à l’intérieur d’un panier, puis apporte ses prises dans la cabine du bateau. Ensuite, il nettoie le pont puis lance à nouveau ses filets.

Quand on parle de chalutage de fond, on peut croire qu’il s’agit simplement d’attraper les poissons qui se rassemblent au fond de la mer, pourtant ce n’est pas si simple.
« Puisqu’on jette des filets qui ne font que quelques mètres carrés dans l’immensité de la mer, la quantité de poissons que l’on peut attraper peut être très différente selon le lieu choisi pour les lancer, même en ne modifiant que légèrement sa position. Donc on se retrouve souvent avec des filets remplis de bouts de bois. » Autrement dit, le chalutage de fond revient à sonder un terrain gigantesque, impossible de savoir ce que l’on va y trouver avant de le faire.

M. Hada continue à sonder la mer, tout en luttant contre la pression que lui met cette incertitude de ne pas savoir s’il va trouver ou non des poissons dans ses filets. Dans la cabine de commandement, on trouve un goshinsen (un endroit réservé aux offrandes de nourriture), et de l’omiki (du saké sacré) dédié au dieu de la mer que l’on retrouve au sanctuaire de Nunakuma, à Tomonoura. Des drapeaux flottent au-dessus du bateau.

Ce jour-là, M. Hada lança ses filets en mer à plus de dix reprises. Une journée de pêche de plus de six heures.

 

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Le travail des pêcheurs, fierté de Tomonoura tournée vers l’avenir

Dès qu’il eut terminé de pêcher, M. Hada retourna au port où les grossistes l’attendaient. Il sortit les prises du jours qui se trouvaient dans sa cabine et les donna directement aux grossistes.
Il laissa échapper un rire en me disant « Je fais confiance aux grossistes. Alors je leur donne simplement mes poissons et ils me paieront bientôt. Cette confiance repose sur notre longue et solide relation. »
J’eus le sentiment d’avoir eu droit à un aperçu de l’authentique mode de vie des pêcheurs.

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« Les pêcheurs de Tomonoura se font vieux, et ils sont de moins en moins nombreux. Peut-être que je suis le plus jeune. »
Ces paroles me rendaient un peu triste, mais je pouvais en même temps ressentir dans ses mots sa passion et sa volonté de faire au mieux.
J’espère que cette mer sera un jour à nouveau couverte de bateaux de pêche et que l’esprit des pêcheurs de Tomonoura retrouvera sa grandeur d’antan. Et les paroles passionnées de M. Hada me donnent le sentiment que ce rêve deviendra un jour réalité.

Pêcheurs de Tomonoura, poursuivez vos efforts !

En attendant, je me suis promis de manger du poisson plus souvent et de remercier les pêcheurs.


La coopérative de pêche de Tomonoura
Adresse : 1003-3 Tomo-cho Tomo, Fukuyama-shi, Hiroshima
Tél. : +81-84-982-2220
Horaires d’ouverture : Du lundi au vendredi de 8h00 à 17h00 et le samedi de 8h00 à 15h00
Jours de fermeture : Dimanche et jours fériés
Parking : Oui